La fièvre de l'or

Dès la fin de juillet 1897, les hordes de chercheurs d’or avaient commencé à envahir Dyea et Skagway. Selon Hal Hoffman, cité dans le Official Guide to the Klondike Country, « le flot se maintient et on n’en voit pas la fin... La fin se trouve à New York, à Chicago, à San Francisco... »

Quiconque voulait entrer au Yukon devait selon le règlement avoir avec soi une « tonne de marchandises » — soit environ 1 000 livres de provisions (la quantité jugée suffisante pour assurer sa subsistance pendant un an, calculée à raison de 3 livres par jour pendant 365 jours), plus 1 000 livres d’équipement. Cette marchandise était transportée par étape, chaque chargement devant être mis dans des caches avant qu’on reparte en chercher un autre.

Seattle

La ruée vers l’or a profité à de nombreuses villes le long de la côte Ouest. À Seattle, le trafic maritime a presque décuplé, passant de 18 à 173 navires entre mars 1897 et mars 1898.

Bibliothèques de l’Université de Washington, collections spéciales, HEG293

Dyea

Porteurs autochtones à Dyea, 1897. Ils étaient très demandés, autant pour leur endurance que leur connaissance du terrain.

Archives de la Colombie-Britannique, Royal British Columbia Museum, image A-07417.

Les commerces

Les commerces de Vancouver, de Victoria, de Seattle, de San Francisco et d’ailleurs se faisaient une vive concurrence pour approvisionner les chercheurs d’or.

Archives du Yukon, collection Bill Roozeboom, nº 6303

Ceux qui arrivaient par bateau à Dyea étaient débarqués avec la cargaison à marée basse. Quantité de marchandises ont été gaspillées ou emportées par la marée haute avant que leurs propriétaires aient pu les réclamer. Un convoi organisé par Healy et Wilson effectuait chaque jour le trajet entre Dyea et le campement Sheep. Les bêtes de somme transportaient chacune 90 kilos et étaient accompagnées d’une équipe de porteurs autochtones et allochtones eux-mêmes lourdement chargés, et encore on n’arrivait pas à répondre à la demande.

C’est impossible de bien rendre à quelle lenteur les choses se déroulent ici. Il faut toute une journée pour faire quatre à cinq milles aller-retour et un dollar pour se procurer ce qui à la maison ne coûterait que dix cents.

Tappan Adney, Dyea, août 1897, The Klondike Stampede

À la fin d’août, en raison de la trop forte circulation et de 11 jours de pluie consécutifs, la piste du col White qu’on empruntait à partir de Skagway était devenue un véritable bourbier et a dû être fermée pour réflection pendant 4 jours. Mais les hordes continuaient d’affluer.

Porteur autochtone

Portrait pris en studio d’un porteur autochtone, vers 1898. Les Tlingit de la côte ont exercé un contrôle sur les pistes de l’intérieur du pays pendant d’innombrables années. Le clan du Corbeau du village de Chilkoot, au sud de Dyea, avait le monopole sur le col Chilkoot jusque dans les années 1880, mais a par la suite autorisé les chercheurs d’or à emprunter la piste.

Archives du Yukon, fonds Eric Hegg, nº 2561

Piste du col White

Bêtes de somme sur la piste du col White.

Archives du Yukon, collection Université de Washington, nº 2772

Skagway

« On peut difficilement s’imaginer la confusion qui régnait quand toute cette cargaison — des tonnes et des tonnes de sacs, de caisses, de barils... — était débarquée sur les quais... »

R.C. Kirk, 1898, Twelve Months in Klondike
Photo: Archives du Yukon, fonds Anton Vogee, nº 114

Une fois les cols franchis avec tous leurs biens — ce qui n’était pas une mince affaire — les chercheurs d’or devaient encore se taper une randonnée de quelque 1 000 km en bateau jusqu’à Dawson. À Lindeman ou à Bennett, leur temps était employé à abattre des arbres, équarrir les grumes à l’aide de scies à main et construire des embarcations suffisamment solides pour entreprendre la descente du fleuve Yukon. Ils s’affairaient à un rythme d’enfer, tous plus pressés les uns que les autres d’arriver aux champs aurifères.

Il y a au moins un millier de personnes en route entre Lindeman et Crater, une véritable mer humaine constamment agitée et avançant sans relâche.

L.B. MAY, 31 MARS 1897

Sur le fleuve, ils devaient affronter les vents violents soufflant sur les lacs de tête, puis les rapides au canyon Miles et à la rivière Thirtymile, un endroit qui passait, selon le Klondike Nugget, pour être « un véritable cimetière où finissent quantité d’embarcations ». Venaient ensuite les rapides Five Fingers, qui avaient fait dire à Marvin Sanford Marsh dans son journal : « un moment — à peine une minute! — que je ne suis pas prêt d’oublier et que je ne veux jamais avoir à revivre! » Le périple s’achevait enfin à Dawson, qui, de petite agglomération abritant à peine une poignée de cabanes en rondins, s’était en l’espace d’un an métamorphosée en une fébrile ville-champignon où fourmillaient quelque 4 000 personnes à la fin de juin 1897.

P.C.N.-O.

À son arrivée en juillet 1895, le premier détachement de la P.C.N.-O. à venir s’établir dans le Nord était la seule présence officielle des autorités canadiennes sur place. Ses fonctions incluaient percevoir les droits de douane, essayer de freiner le commerce de l’alcool et voir au maintien de l’ordre en général. Durant la ruée vers l’or, les policiers agissaient également comme inspecteurs des permis, maîtres de poste et officiers de l’état civil chargés de l’enregistrement des naissances et des décès. Le surintendant Samuel Steele aimait à dire qu’aux yeux de la population, « chacun de ses subalternes était l’équivalent d’un bureau de renseignements. »

Sommet du col Chilkoot

Le 26 février 1898, l’inspecteur Belcher de la P.C.N.-O. a fait hisser le drapeau au sommet du col Chilkoot, marquant ainsi le début des activités de perception des droits de douane, et ce, bien que le tracé exact des frontières entre les États-Unis et le Canada fît encore l’objet d’un litige.

Archives du Yukon, fonds E. J. Hamacher (coll. Margaret et Rolf Hougen), 2002/118 nº 872

Journal

Archives du Yukon, journal de Benjamin F. Craig, 82/55,
Mss 4, p. 24

Miles Canyon

Dans son journal, en date du 27 juin 1898, Georgia White racontait qu’elle avait dû contourner les rapides du canyon à pied parce que les policiers n’autorisaient pas les femmes et les enfants à les descendre en bateau.

Bibliothèques de l’Université de Washington, collections spéciales, AWC1435

Map

La carte donne à voir la route maritime qu’on pouvait emprunter à partir de St. Michael, en Alaska. Le trajet était moins ardu, mais prenait plus de temps et s’avérait plus coûteux que les voies terrestres.

Archives du Yukon, PAM 1897-79c

NWMP

Archives du Yukon, collection Musée canadien des civilisations, nº 804

Chilkoot Pass

Dans une lettre envoyée à sa famille le 25 septembre 1897, Rebecca Schuldrenfrei disait de sa traversée du col Chilkoot : « quiconque ne l’a pas franchie ne peut savoir ni même s’imaginer ce que ça représente. »

Archives du Yukon, fonds Winter et Pond, nº 2293