La fin du voyage

En juillet 1896, Dawson City n’existait même pas; un an plus tard, la ville abritait une population de 5 000 habitants, et l’année d’après, 30 000. Forty Mile, à un moment donné la plus importante agglomération dans le territoire, était pratiquement désertée. Charles Constantine, inspecteur de la P.C.N.‑O. en poste à Forty Mile, avait été le premier — et pendant longtemps, le seul — administrateur du règlement minier au Yukon, mais en 1897, le bureau a été transféré à Dawson.

Les billets de banque étaient rares à Dawson. La principale monnaie était la poudre d’or — qui valait environ 16 $ l’once. Quantité d’autres choses étaient tout aussi rares. Ainsi, il était presque impossible de trouver un endroit où vivre, même si on était prêt à payer le gros prix. Et faire construire sa propre cabane était une proposition elle-même très coûteuse : selon Thomas Fawcett, « le bois d’œuvre, qui en Ontario se négociait tout juste à 6 $ ou 7 $ les 1 000 pieds, se vendait sans difficulté 140 $ pour la même quantité. »

Flooding

Le 29 mai 1898, George Kline écrivait dans son journal :
« La rivière continue de monter et la basse-ville est déjà inondée. »

Journal de George A. Kline, 87/70, Mss 199
Photo : AY, collection Université de Washington, nº 1243

Lousetown Bakery

De la poudre d’or en échange d’un pain à la boulangerie Lousetown.

Archives du Yukon, collection Université de Washington, nº 1255

Front Street

Rue Front, Dawson, au début de 1898.

Archives du Yukon, collection de photographies de l’Alaska Historical Library, nº 4178

Finalement, une fois la barque solidement attachée, nous avons mis pied à terre, laissant derrière nous l’embarcation rudimentaire sur laquelle nous avions vogué pendant des mois. Nous nous sommes retrouvés devant une foule où se côtoyaient des gens de toutes les classes imaginables.

Journal de Grace Bartsch, 24 mai 1900

Tr’ondëk Hwëch’in

Le chef Isaac (dans le coin inférieur droit) avec son frère, Walter Benjamin (à gauche), et son fils Charlie (à droite). Isaac dirigeait les destinées des Tr’ondëk Hwëch’in durant la période de grands bouleversements occasionnés par la ruée vers l’or du Klondike.

Archives du Yukon, photographies de l’Alaska Historical Library,
nº 4231

Bennett

Cargaison empilée sur les quais à Bennett, septembre 1899. À la fin de juillet de la même année, la voie ferrée de la White Pass & Yukon Route venait d’être achevée entre Skagway et Bennett et une flotte de bateaux à aubes assurait le transport des marchandises et des passagers entre Bennett et Dawson.

Archives du Yukon, fonds H.C. Barley, nº 4648

Front Street

Rue Front, Dawson, vers la fin de 1898.

Archives du Yukon, fonds Robert P. McLennan, nº 6480

Certains se sont trouvé un emploi dans la ville ou dans une mine. On achetait, vendait ou louait des concessions pour faire un profit ou parce que leur propriétaire avait désespérément besoin d’argent. Une petite annonce parue dans le Klondike Nugget le 27 juillet 1898 traduit éloquemment l’indigence dans laquelle se trouvait l’auteur : « À vendre — Céderait la moitié d’une concession contre des vivres pour un an. »

Dans les premiers mois de 1897, les Tr’ondëk Hwëch’in avaient abandonné Tr’ochëk pour aller s’établir plus en aval à un endroit baptisé Jëjik Ddhä̀ Dë̀nezhu Kek´it (Moosehide). Certes, la ruée vers l’or a eu certaines retombées économiques positives pour les membres des premières nations du Yukon, mais elle a aussi entraîné de graves bouleversements sur les plans social et culturel.

Déjà vers la fin 1898, la ruée commençait toutefois à ralentir. Avant même que certains qui avaient entrepris le voyage arrivent à Dawson, leurs prédécesseurs s’étaient déjà approprié presque toutes les parcelles qui présentaient un potentiel quelconque. Des milliers ont dû abandonner leur rêve de faire fortune et ont quitté le territoire. La découverte d’or à Nome, en Alaska, en 1899, a entraîné l’exode de milliers d’autres. Les hordes se sont refoulées presque aussi vite qu’elles étaient montées à l’assaut du Klondike, laissant derrière elles une communauté cosmopolite dotée de l’électricité, du téléphone, de quantité de bâtiments d’importance et de quatre journaux.

Les femmes

« Seuls l’amour et un grand pouvoir de persuasion pouvaient convaincre une femme de venir dans le Grand Nord », si l’on en croit l’auteur Jeremiah Lynch. Quoi qu’il en soit, les femmes étaient bien représentées à Dawson durant la ruée vers l’or. Certaines y sont venues pour accompagner leur mari, d’autres pour travailler comme commis, cuisinières, domestiques, enseignantes ou infirmières ou, comme un certain nombre d’autres, danseuses ou filles de joie. D’autres encore, comme l’hôtelière Belinda Mulroney, se sont lancées en affaires et ont connu beaucoup de succès. L.B. May écrivait de Lindeman le 31 mars 1897 qu’il « y a[vait] plusieurs femmes au camp, dont notre médecin. »

Partition sur le thème du Klondike

Partition sur le thème du Klondike. La ruée vers l’or a enflammé l’imagination du public.

Archives du Yukon, PAM 1898-112 OVS

Filles de joie

Filles de joie, Dawson, vers 1898.

Archives du Yukon, collection Musée canadien des civilisations, nº 703

Ethel Berry

Ethel Berry (au centre) sur la concession familiale, nº 6 Eldorado, vers 1898.

Archives du Yukon, collection Archives Glenbow, NA-1786-8

Mrs. Sherman Dewey

Mme Sherman Dewey devant sa maison à Dawson.

Archives du Yukon, fonds de la famille Gillis, nº 4460

Mail

On rapportait dans le Klondike Nugget du 16 juillet 1898 qu’un homme avait fait la queue devant le bureau de poste de 13 h à 17 h, et qu’à la fermeture du bureau, il y avait encore 34 personnes devant lui dans la file d’attente.

Archives du Yukon, fonds Robert P. McLennan, nº 6487