Prologue

Le secteur de la rivière Fortymile fait partie du territoire ancestral des Hän. Les Tr’ondëk Hwëch’in, un sous-groupe des Hän, avaient coutume d’y venir pour chasser, pêcher, piéger et se rassembler. Ils avaient aussi établi un camp de pêche saisonnier à l’embouchure de la Klondike. Ils étaient de très bons commerçants, et s’adonnaient au troc ou à la vente de marchandises avec d’autres groupes autochtones et les Blancs nouvellement arrivés.

À l’été de 1896, le Yukon n’était encore qu’un district des Territoires du Nord-Ouest, gouverné depuis Regina et dont les frontières faisaient l’objet d’un litige avec les États-Unis. Quelques postes de traite de taille modeste étaient disséminés le long du fleuve Yukon.

Prospector

Archives du Yukon, collection Musée canadien des civilisations, nº 828

Membres de l’équipe accompagnant William Ogilvie

Membres de l’équipe accompagnant William Ogilvie lors de l’expédition du Yukon commanditée par le gouvernement fédéral, à l’embouchure de la rivière Pelly, 1887.

Bibliothèque et Archives Canada, fonds William Ogilvie C-074919

Abris de broussaille

Abris de broussaille des Hän à Tr’ochëk, leur camp de pêche traditionnel à l’embouchure de la rivière Klondike, 1895.

Archives du Yukon, collection Coutts, 82/358, nº 2

Depuis la fin des années 1870, le secteur était sillonné par un petit nombre de mineurs s’employant, avec les méthodes rudimentaires de l’époque n’utilisant que des outils à main, à faire la prospection des rivières, des ruisseaux et des barres de rivière dans l’espoir d’y trouver au moins suffisamment d’or pour subvenir à leurs besoins une autre saison et, qui sait?, mettre à jour le filon chanceux qui ferait d’eux des hommes riches.

Leur nombre s’est considérablement accru après septembre 1886, suivant la découverte d’or grossier dans la Fortymile — la première découverte d’importance au Yukon. On estime qu’au tournant des années 1890, quelque 1 000 prospecteurs — la plupart de sexe masculin — étaient actifs au Yukon, principalement dans le secteur de la Fortymile.

Pendant quatorze mois, nous n’avons eu aucune nouvelle de qui que ce soit ni d’où que ce soit d’autre que des environs immédiats.

William Ogilvie, 1887

Une petite agglomération baptisée Forty Mile s’est développée à l’embouchure de la rivière du même nom. Il est difficile d’imaginer l’isolement dans lequel vivaient ses habitants par rapport au reste du monde; l’endroit dépendait entièrement pour son ravitaillement des cargaisons acheminées le long du fleuve Yukon depuis St. Michael, en Alaska, situé à l’embouchure de la mer de Béring. Les petits bateaux à aubes qui faisaient le trajet ne pouvaient habituellement effectuer quun seul voyage par été. Jusqu’à l’arrivée du premier détachement de la Police à cheval du Nord-Ouest, en 1895, nous dit l’écrivain Pierre Berton, « l’endroit était essentiellement une ville américaine : on s’approvisionnait à partir des États-Unis, sans le moindre droit de douane à verser, et on mettait le courrier à la poste avec des timbres américains. »

À l’été de 1896, particulièrement chaud et sec, on avait dû écourter encore davantage la saison de navigation à cause de la baisse du niveau d’eau. Toutes les parcelles présentant un certain potentiel à Forty Mile avaient déjà été jalonnées, et l’avenir n’était guère prometteur en ce qui concernait l’extraction d’or. Cependant, à quelque 80 kilomètres en amont, se trouvait un petit ruisseau dont le nom allait bientôt être sur toutes les lèvres.

Gold Broach

La valeur de l’or tient non seulement à sa beauté, mais aussi à sa stabilité. La conjoncture économique juste avant la ruée vers l’or était marquée par la faillite des banques, une dépression et la dévaluation des monnaies. L’or, par contraste, était perçu comme une valeur sûre sur laquelle on pouvait compter.

William Ogilvie

William Ogilvie (rangée du bas, deuxième à partir de la droite) et son équipe d’arpenteurs à leurs quartiers d’hiver, octobre 1895. Une fois les frontières dûment tracées, il s’est avéré que les concessions les plus riches en or dans le secteur de la Fortymile ne se trouvaient pas, comme le croyaient les prospecteurs, en Alaska, mais au Canada.

Bibliothèque et Archives Canada, fonds William Ogilvie C-074924

Sgt. M.H.E. Hayne

En 1895 a été érigé à l’embouchure de la rivière Fortymile le premier poste de la Police à cheval du Nord-Ouest au Yukon, Fort Constantine. Le sergent M. H. E. Hayne, qu’on voit ici sur une photo prise en 1895, faisait partie du premier détachement.

Archives du Yukon, collection Strickland, nº 9404

Fort Reliance

En 1874, Fort Reliance a été érigé en bordure du fleuve Yukon sur le territoire ancestral des Tr’ondëk Hwëch’in, à 10 km en aval de l’embouchure de la Klondike, sur la rive opposée au village hän de Jutl’à’ K’ät (Nuklako). Le nom des rivières Sixtymile et Fortymile indique la distance à laquelle elles se trouvent par rapport à Fort Reliance.

Dessin effectué en 1884 par Willis Everette. Université de l’Alaska à Fairbanks, coll. Dr Willis Everette, nº 1976-91

Porteus B. Weare

Le Porteus B. Weare, un des bateaux à vapeur de la North American Transportation and Trading Company (NAT&T), à l’embouchure de la rivière Fortymile, 1895. La NAT&T avait érigé un comptoir de traite à Fort Cudahy (au premier plan), au confluent du fleuve Yukon et de la rivière Fortymile. L’agglomération de Forty Mile (à l’arrière-plan) se trouvait à une courte distance en amont.

Archives du Yukon, collection Bibliothèque et Archives Canada, 88/138, nº 12151