Les débuts

La présence des Noirs au Canada remonte au début de la colonisation. Aux quelques-uns arrivés avec les premiers Européens sont venus s’ajouter, en 1782, 3 000 esclaves auxquels le général britannique Guy Carleton avait accordé un certificat d’affranchissement et le passage vers le Canada en reconnaissance de leur engagement aux côtés des Anglais durant la guerre d’indépendance américaine. En 1835, l’esclavage était aboli dans tout l’Empire britannique. La plupart des Noirs entrés au Canada dans les trente années qui suivirent fuyaient l’esclavage aux États-Unis, mais une fois celui-ci aboli, en 1865, nombre d’entre eux sont retournés vivre aux États-Unis. L’idylle fut de courte durée et avant la fin du 19e siècle, l’immigration noire avait repris, mue par les injustices sociales et les inégalités de droit qui n’avaient cesse, notamment dans le Sud américain encore à majorité rural et aux prises avec la pauvreté et où la ségrégation entre Noirs et Blancs était rigoureusement exercée et la violence raciale, monnaie courante. Le Canada n’avait pas de lois ségrégationnistes telles que les lois de Jim Crow alors en vigueur aux États-Unis, mais des pratiques ségrégationnistes et discriminatoires avaient cours à plusieurs endroits.

En 1901, on recensait 17 437 Noirs au Canada. Au Yukon, ils étaient 99 sur une population de quelque 30 000 âmes, la plupart des nouveaux venus, comme le reste, attirés par la perspective de faire fortune au Klondike durant la ruée vers l’or. Pour plusieurs, le Klondike était synonyme d’horizons nouveaux, l’endroit où l’on pouvait tout rêver et tout entreprendre – ou presque –, peu importe sa race, son origine ethnique, son statut social ou sa situation économique. Les Noirs ont gagné leur vie comme domestiques, barbiers, serveurs, musiciens, entrepreneurs, ouvriers et mineurs.

Application

« Le mineur J.H. Woolfork, un homme de couleur, exploite diligemment la concession qu’il a jalonnée face à la concession no 44 et en tire un bon revenu. »

Dawson Daily News, édition « Golden Clean-up », 1902